Sale temps pour un Archange

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Les Etats-Unis. Plus Elizabeth passait de temps dans ce pays, plus elle le maudissait. Les individus qu’elle avait rencontré étaient soit désagréable, soit un peu trop accueillant à son goût. Ici, tout avait l’odeur de la pollution, elle n’avait pas encore pu s’étendre dans une plaine d’herbe, se ressourcer. C’était compliqué pour elle de s’adapter à cette ville, ce pays. Elle n’avait pourtant pas le choix. Elle avait un but très précis en venant ici, et elle pourrait aisément l’atteindre maintenant qu’elle avait rencontré Castiel. Elle avait désormais quitté les appartements de Aaron, et avait pris une chambre d’hôtel. Elle n’aimait pas vraiment rester chez les gens, préférant partir afin de pouvoir s’entraîner tranquillement. Sa magie était tout ce qui lui restait dans ce pays. Chacune de ses habitudes avaient volées en éclats.

Elle déambulait donc dans la ville, cherchant une boutique qui pourrait lui rendre un énorme service. Elle tomba sur cette boutique d’antiquité qui regorgeait de ressources magique. Quand on savait par qui elle était tenue, tout semblait plus logique. Elle se dirigea immédiatement vers les cristaux, de quoi canaliser la puissance à l’état brut, pouvant conserver toutes sortes d’énergies pendant des siècles. Elle en prit plusieurs, ainsi que des plantes et une dague. Elle savait que cela pourrait lui servir ici. Elle avait déjà eu des soucis avec une créature alors qu’elle n’était là que depuis une semaine. Elle savait que cette ville abritait beaucoup d’individus hostile. C’était probablement pour ça qu’il y avait autant de chasseur dans ce pays.

Lorsqu’elle sortit de la boutique, quelque chose s’était produit. Elle regardait autour d’elle et remarqua des traces de freinages, des regards ahuris et entendit même quelques personnes gueuler. Au milieu de tout ça se trouvait un homme. Il semblait perdu au milieu de tout ça, cherchant un moyen de s’en aller. Elle avait l’impression de revoir Castiel au bar, même si il semblait tout de même plus à l’aise dans le déplacement humain. Elle se demandait si ça ne serait pas tout simplement parce qu’il était ici depuis plus longtemps.

L’individu commençait à demander son chemin, sans grande réussite. Elizabeth s’attendait à voir une future catastrophe se produire. Les mauvaises paroles à la mauvaise personne, et un drame pouvait se produire. Si elle avait bel et bien raison, s’il ne s’agissait pas d’un humain mais bien d’un ange, alors elle n’avait pas le choix. Elle devait intervenir avant que le pire se produise.

Elle traversa et se dirigea vers lui. Elle avait cette tendance à prendre des risques. Elle lui faisait alors face, prenant en main tout son courage. Elle restait impassible devant lui, ne sachant qui il était.

« Où voulez-vous aller ? »

Elle n’avait plus qu’à attendre et prier pour qu’il ne lui arrive rien en cours de route. Au pire, elle avait ses nouveaux cristaux, mais elle était pas sûr que ce soit efficace contre des créatures comme des démons ou des anges. Elle lui adressa enfin un sourire, se voulant rassurante. Maintenant qu’elle avait proposé son aide, elle ne pouvait pas vraiment faire autrement. Puis, il s’agissait peut-être simplement d’un touriste un peu perdu, comme elle pouvait l’être elle-même.

« Les gens sont tellement désagréables ici. A croire qu’ils n’ont jamais été dans une autre ville ou un autre pays dont ils ne connaissaient rien. »

Pour le coup, elle était sincère. En arrivant ici, elle avait eut beaucoup de chance d’avoir sa carte avec ses cristaux, lui indiquant où elle pourrait retrouver Aaron et comment s’y rendre. Puis, elle avait aussi un GPS, au cas où sa magie aurait décidé par un quelconque hasard de ne pas rester avec elle. En soit, c’était une chose impossible mais, elle savait qu’elle n’était jamais à l'abri d'autres sorciers ou de chasseurs.

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Elle avait à peine eu le temps de percevoir la couleur de ses yeux avant qu’ils ne reprennent une teinte normal. Pourtant, si Elizabeth n’avait fait attention ne serait-ce qu’une seconde de plus, elle serait certainement partie en courant en implorant Castiel de venir la chercher. Elle n’avait pas facilement peur. Après tout, elle avait chassés des démons, des monstres, et elle en avait rencontrés d’autres qui n’étaient pas foncièrement mauvais, comme Tara, cette vampire qu’elle avait sauvé de la torture, par des humains, et qu’elle avait emmenés loins de toute cette traque, lui permettant de survivre grâce au sang animal. Pourtant, quand elle voyait quelque chose qu’elle se savait incapable de maîtriser, elle partait, priant Dieu pour qu’on ne la rattrape pas, jamais. Que sa fuite soit la plus sûre qu’il advienne. Et c’était le cas face à un Archange. La fuite était probablement la solution la plus simple, la plus facile, et la plus sûre.

Mais elle n’avait pas vu la couleur de ses yeux, elle ne savait pas. Elle savait juste que ce n’était pas un humain, que ce n’était pas un démon ou un monstre. En fait, il lui faisait penser à Castiel. Alors elle restait auprès de lui, elle allait le raccompagner dans ce club qu’elle finirait par connaître par cœur si on l’emmenait là-bas à chaque rencontre.

« Propriétaire du Night of Hell, rien que ça. Castiel m’y a emmené il y a quelques jours. Je saurai certainement retrouver le chemin. »

Elle lui indiqua le chemin à suivre, commençant à avancer à ses côtés. Cette fois, c’était définitif. Dans la tête de Elizabeth, l’inconnu avec qui elle se dirigeait vers le club était un ange. Elle qui n’en avait jamais rencontré, ne serait-ce qu’un seul en vingt ans, en avait vu deux en l’espace d’une semaine, et en plus de ça, elle avait passé un certain temps avec les deux. Au moins, elle savait désormais qu’ils n’étaient ni mythes, ni légendes. En même temps, ça lui semblait logique. Pourquoi les démons existeraient et pas les anges ?

Puis, il lui raconta que leur père, agacés de les entendre parler des humains de la sorte, les avaient enfermés dans une cage lui et son frère. Elle n’était pas avec Lucifer tout de même ? Ça serait le combo gagnant tien… Mais elle se souvint que Castiel appréciait les propriétaires du club où il l’avait emmené. Ce fut donc une évidence pour elle, ce qui la rassura plus que jamais. Elle n’était pas avec le diable en personne. Ça au moins, c’était une bonne nouvelle, elle ne risquait pas de se faire tuer en un claquement de doigt sans raison.

Et voilà qu’il commençait à parler à Dieu. Il n’en manquait pas plus pour que le ciel leur tombe sur la tête, ou en tout cas des torrant de pluies que Elizabeth aurait été incapable de prévoir.

« Bon, je vais vous dire la même chose que j’ai dit à Castiel, et croyez moi c’est la meilleure solution pour que vous puissiez vivre dans ce monde aussi paisiblement que possible. Quand tu n’es pas humain, tu n’en parle pas. L’Homme n’aime pas la différence, elle lui fait peur et dans ce cas, avec raison. C’est triste à dire, mais ce monde est celui des humains. Et que ce soit pour leur bien ou pour le nôtre, ils ne doivent pas savoir que les monstres existent, ils ont déjà assez de monstres à gérer et les leurs sont humains. En plus vous révélez vos atouts à des ennemis potentiels. »

Elle esquissa un sourire pour rassurer son partenaire. Elle avait d’ailleurs pris une voix douce et bienveillante pour lui expliquer tout cela. Elle ne voulait pas vexer l’Ange, ni le froisser. Elle savait qu’elle se mettait dans une situation délicate à chaque fois qu’elle disait ce genre de choses, mais elle faisait partie de ses personnes qui rêvent que le Surnaturel puisse coexister avec les humains, sans que quiconque en souffre. Elle ne voulait pas voir l’humanité détruite, ni ce monde. Et elle faisait tout pour que cela n’arrive pas. Jamais.

« Ce serait bête d’avoir une seconde guerre à gérer. »

Elle esquissa de nouveau un sourire, tout en pressant le pas. Elle était trempé de la tête aux pieds et commença à trembler de froid. Elle réfléchissait à un sort qu’elle pourrait utiliser une fois qu’elle serait dans un lieu sec, mais là, elle souffrait de tout ses membres. Elle commençait à perdre une certaine sensibilité au bout des doigts et des orteilles, de ses cheveux glissaient des gouttes, roulant contre sa nuque et ruisselant le long de son dos, venant faire baisser sa température corporelle. Elle voyait les gens se ruer dans les différents bâtiments, et elle rêvait d’en faire de même. Pourtant, elle ne pouvait pas. Celui qu’elle prenait pour un ange la suivait,  jusqu’à ce qu’ils puissent enfin percevoir l’enceinte de l’immeuble.

« Encore quelque mètres regardez. C’est juste là. »

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

L'humanité a quelque chose que n'ont pas les autres créatures. Une force que ni les anges, ni les démons ne pouvait connaître. Elizabeth se moquait bien de ce que l'archange pouvait lui dire, de son mécontentement. Au pire, elle mourrait, et un autre prendrait sa place. Elle n'aurait certes pas accomplis son devoir, mais elle aurait essayé. Elle n'était pas venue ici pour rencontrer des archanges, elle se moquait bien d'eux et de leur suffisance. Ce mépris qu'elle pouvait sentir dans sa voix avait tendance à lui faire regretter sa gentillesse, parce qu'en cet instant elle aurait aimé ne pas être déçue par lui. Elle avait connu tant de déception qu'elle cherchait à les éviter, et c'était en grande partie pour ça qu'elle faisait tout pour rendre ce monde meilleur. Elle écoutait pourtant l'archange, sans lui répondre, sans se tourner vers lui. Il avait l'air de vouloir lui expliquer ces choses qui font qu'il méprise les humains, et elle n'aurait pas été étonné si il lui avait dit que détruire l'humanité était une bonne chose. Elizabeth ne voyait pas le monde de cette façon, et elle savait que Castiel non plus, ce qui avait tendance à rassurer la sorcière. Après tout, elle choisissait encore ses alliés, même si aux Etats-Unis, ils n'étaient pas nombreux. Elle regadait devant elle, presque impatiente d'arriver au club et de reprendre sa vie, comme si de rien était. Probablement qu'elle le reverrait, mais elle n'en avait pas vraiment l'intention. C'était d'ailleurs dommage. Elle qui cherchait un appartement, elle savait que certains étaient à louer dans le club de Samaël, mais voulait-elle vraiment devoir quelque chose à cet être ? Elle n'en était pas certaine, au contraire. Elle resterait encore sans domicile vraiment à elle pendant un temps. Elle préférait rester à l'hôtel pour le moment, et l'éviter comme la peste s'il le fallait.

Et voilà qu'il en venait aux Guerres, lui répondant simplement. Elizabeth avait beau être jeune, elle en avait connu quelques unes, un enfer sur un territoire. Elle en avait souffert, en avait été la victime et le soldat, elle n'avait pas eu le choix que de défendre sa vie et celle des habitants de la ville qui avait été prise par des démons à l'époque. Ça n'avait pas été une chose aisé, et elle avait perdu beaucoup d'amis. Elle connaissait le coût de la Guerre, elle même était devenu quelqu'un d'autre, plus forte, plus puissante d'en être ressortie vivante. Pourtant, elle ne maîtrisait pas encore la puissance de ses pouvoirs, mais maintenant, elle avait évoluée. Elle connaissait d'autres genre de magie, elle savait où chercher la puissance et le pouvoir. Elle savait faire mal. Elle n'était pas vraiment effrayé par les guerres. Et ce que lui racontait Samaël ne changeait absolument rien. Elle-même faisait partie de ces personnes qu'on considère comme de la chair à canon, parce qu'elle ne sont que des résidues de créatures aux yeux du monde, et qu'elles agissent comme des parasites. On lui avait dit cela tant de fois que pendant un certain temps, Elizabeth avait fini par le croire. Mais au final, elle avait compris que ce n'était les mots de fous, de personnes vide et dénuées de bontés, de chaleur. Elles étaient seules ces personnes. Qui voudrait de leur compagnie ? Cette sensation, elle venait de la saisir de nouveau, alors que Samaël lui expliquait qu'il en avait que faire de l'Humanité, qu'il ne vivrait pas cacher. Sauf qu'encore une fois, pour elle, il ne comprenait pas. Il ne comprendrait jamais, et c'était là le lot de tout ceux qui tournent le dos à l'Humanité, parce qu'ils préfèrent prendre pour échantillon une poignée d'humains mal-élevé, plutôt que de regarder vers ceux qui eux, veulent sauver le monde et faire des bonnes choses.

Elizabeth comprit en cet instant que seul en ayant la volonté, on peut comprendre, et qu'un archange ayant été enfermé dans une cage pendant si longtemps ne chercherait jamais à comprendre de toute façon, toute la nécessité de protéger ces petites créatures qui ne demandent qu'à survivre. Ils n'avaient pas tous fait de bonnes actions, mais n'en étaient pas tous mauvais pour autant. Là résidait la nuance de gris. Le bon et le mauvais se mêlent parfois pour donner ce qu'on appelle L'Humanité, quelque chose qui autorise à commettre des erreurs, et à chercher à les réparer. Bien entendu, elle n'allait en aucun cas remettre les tords sur Samaël. Elle regrettait simplement cette vision qu'il avait de l'Homme, et en très peu de temps elle avait perdue toute forme de sympathie pour cet Archange. Mais il avait raison sur une chose, qui serait probablement horrible pour tous. Michael était revenu d'une dimension sortie de nulle part pour détruire Lucifer, et encore une fois, la Terre allait devenir un champ de bataille. Elle sentait la Terre souffrir à chaque bataille, elle l'entendait gronder de toute sa force, de toute sa puissance quand quelque chose qui ne devait pas se produire avait lieu. Elle savait parfaitement ce que cela voulait dire, ce que ça impliquait, et elle ne savait pas combien de temps la Terre allait encore supporter ça.

« Toi, qui es une Sorcière, ne sens-tu pas tout cela ? »

Elle esquissa un sourire, qui n'avait rien de rassurant. Elle ne sentait pas les créatures se préparaient à la Guerre, elle ne sentait pas Michael et Lucifer sur le point de l'affrontement, ni Michael qui allaient rassembler son armée.

« Ce que je sens, c'est la Terre qui gronde. »

Et c'était probablement pire que tout ce qu'il avait mentionné avant ça. En tout cas, pour elle et tous les sorciers de son pays, parce que ça voulait tout simplement dire que la Terre en avait assez de subir, et qu'elle allait finir par céder, par arrêter tout simplement de subir. Elle se réveillait peu à peu pour repartir à zéro. Et si cela arrivait, alors les guerres entre les mondes seraient un bien moindre maux, puisqu'elle ne serait plus là pour voir cela arriver, comme l'Humanité. Ils seraient seuls pour se battre. Au final, n'était-ce pas la meilleure option pour les mortels ?

Elle posa ses yeux froid sur Samaël quand ils arrivèrent devant le club.

« Vous êtes arrivés. Besoin d'autre chose ? »

Toujours serviable, elle ne savait pourtant pas ce qu'il aurait pu lui demander d'autre. Probablement rien d'ailleurs. Elle savait en tout cas qu'elle ressortirait de cette rencontre enrichie, et probablement encore vivante, ce qui était plutôt étonnant quand on savait à quel point leur deux conceptions du monde était si différente. C'était probablement parce qu'Elizabeth avait pu voir le pire de l'Humanité, mais qu'elle en avait connu le meilleur, chose qui ne serait jamais donné à l'Archange. Elle ne savait pas vraiment si cela faisait parti d'un plus grand tout, si elle était destinée à rencontrer cet archange pour développer une certaine méfiance envers eux, et même si elle en doutait, c'était chose faite.

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Elizabeth avait tendance à se renfermer très vite. C'était sa façon de se protéger contre la cruauté des gens. Elle avait grandi dans un petit village où tous le monde se connaît et se protège les uns des autres, mais elle n'eut pas toujours cette chance. Elle put rencontrer des personnes ignobles alors qu'elle était très jeune. Elle ne voulait plus quitter son village, seul lieu où elle se sentait en sécurité. Elle ne pouvait pas être certaine qu'il en était de même partout dans le monde, mais elle avait vu la bonté chez l'Homme, comme elle en avait vu la noirceur. Le libre arbitre est pour elle le parfait exemple des limites entre le bien et le mal. La conscience et l'âme, les erreurs, la souffrance, l'amour et toutes ces autres émotions rendent ces frontières troubles. Elle-même avait parfois du mal à faire la distinction entre le bien et le mal. User de magie noire, n'est pas ce qu'on peut appeler « faire le bien » et pourtant, elle en avait usé pour détruire le démon qui avait ruiné sa vie, et protéger les habitants qui demeuraient près d'elle et de ce démon. Avait-elle eu le choix ? Probablement. Mais elle n'avait peut-être pas pris une décision si mauvaise que ça, puisqu'en retour elle en avait sauvé de nombreuses vie. Elizabeth se trouvait en permanence dans ce compromis. Elle avait usé du mal pour faire le bien à de nombreuses reprises, et comprenait donc tous les mystères de l'Humanité. Était-ce peut-être parce qu'elle n'en était pas si loin, parce qu'elle n'était pas si différente d'eux. Après tout, elle faisait partie de ce monde, de la création au même titre que les Humains. Elle se voyait comme une gardienne, qui se devait d'acquérir une certaine sagesse, qui se devait de faire la distinction entre les erreurs, et les personnes fondamentalement mauvaise. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle tenait ce rôle, mais en tout cas elle essayait, du mieux qu'elle pouvait. Pourtant, elle avait conscience qu'on ne peut pas protéger l'homme de lui-même.

Elle observa un instant l'Archange quand il lui expliqua pourquoi la Terre grondait, ou du moins sa théorie. Aux yeux de Elizabeth, il en était tout autre. Pour elle, la Terre avait sa propre vie, sa propre existence, et maintenant que Dieu les avaient laissés en plan, elle pensait que la Terre reprenait ses droits, que la nature primerait de nouveau, comme au temps où l'Homme n'était encore qu'un mirage, ou seul les bactéries venaient chatouiller la croûte terrestre. Elle n'avait pas vraiment été éduqué pour vénérer un Dieu qui ne se montre pas, mais plutôt pour choyer la nature pour qu'elle donne toujours plus. Elle tirait ses connaissances magiques de son lien avec chacun des éléments. La nature lui permettait de les maîtriser et d'en faire quelque chose de puissant, incroyablement fort, de presque indestructible. Et maintenant, la Terre voulait redevenir pure, et Elizabeth la comprenait parfaitement. Là était toute sa vision, celle qui lui permettait de croire qu'un jour, le monde serait tout autre, que lorsque les Hommes auront compris toute l'importance de ce sol sur lequel il marche, de l'air qu'il respire, alors le monde n'en serait que plus beau, plus sain. Ce n'était malheureusement pas la vision des Archanges et des Anges, ni même celle des démons, des loups ou des esprits. Eux ne voyaient que pouvoir et destruction.

« Je n'ai jamais cru en l'existence d'un Dieu unique, jusqu'à rencontrer les Anges. Le créateur n'est-ce pas ? C'est bien tout ce qu'il est. Pour moi, il a posé divers éléments sur une planète et à décider de ne plus s'en occuper, il y a bien longtemps de ça. Je ne comprendrai jamais tout ce culte autour de lui, alors qu'il nous a abandonné depuis longtemps, au moment précis où des guerres destructrices ont eu lieu en son nom et qu'il n'a rien fait pour empêcher tout ça. Pour moi, ce n'est pas lui qui décidera de la fin de la Terre, c'est elle-même qui réagira comme bon lui semble, qui fera ce qui est le plus sain pour elle. »

Elle se fichait bien de cet être qui se prenait pour Dieu, en pensant que laisser ses fidèles mourir de faim et de douleur font de lui un Dieu. Dans la mesure où il a accordé le libre arbitre à l'Homme, alors qu'il laisse cette espèce s'animer et s'éteindre d'elle même. Elizabeth n'avait pas vraiment une conception particulière de la vie. Beaucoup ne croyaient pas en Dieu, d'autres y croyaient et ardemment et le chérissait, et d'autres le maudissaient du plus profond de leur cœur. Et plus Elizabeth rencontrait des gens, plus elle découvrait le monde, plus elle grandissait et plus elle laissait cette haine prendre place dans son cœur.

Samaël ne se rendit pas vraiment compte de ce qu'il fit, mais il réveilla en elle des souvenirs qu'elle aurait préféré ne plus avoir en tête. Les images lui revenaient comme des flashs qu'elle ne pouvait contrôler. Si elle avait pu, elle lui aurait simplement montré, et probablement que c'était une possibilité, mais elle ne voulait laisser personne entrer en son esprit de toute façon.  Elle gardait trop de secret pour vouloir les dévoiler ainsi.

« Ma mère est tombée malade quand j'avais huit ans. Elle m'a légué son grimoire et son médaillon, et m’a laissé une lettre. Elle avait utilisé une potion d'emprisonnement, qui réduisait mes pouvoirs à l'état de Rien, afin qu'on ne sache pas ce que j'étais, et que je ne le sache pas moi-même. Elle m'a aussi expliqué qu'en Écosse, les chasses de sorcières étaient encore fréquentes et que je ne devais user de ce don qu'en cas d'urgence. Ce que j'ai fait. Je n'ai vraiment commencé à utiliser mes dons quand j'avais quatorze ans, et qu'un démon à décider avec toute sa bonne volonté de tuer mon père et d’éviscérer ma petite sœur. En Écosse, en tout cas dans mon village, les gens ne sont pas si mauvais qu'ici. Certain sont corrompus bien sûr, et son avide de pouvoir, c'est eux qui nous chasse généralement. Ils ont peur de notre force. Mais c'est une famille dénué de pouvoir et de méchanceté qui m'a recueillie. Quand ils ont compris que je n'étais pas une petite fille normale, ils m'ont trouvé un vieux bâtiment désaffecté pour que j'apprenne à me contrôler. Et quand j'ai enfin été capable de me maîtriser, et de contrôler mes dons, ils m'ont emmené sillonner le pays pour que je retrouve le Conseil. De mes quatorze ans à mes dix-sept ans, ce furent des humains simples et sans orgueils, qui ne connaissaient ni mon père, ni ma mère, qui ont vu l'explosion et m'ont retrouvés. Certains humains sont ignobles, d'autres font énormément d'erreur et ne savent tout simplement pas comment s'en sortir, et certains sont fondamentalement bons. Et c'est pour ces deux dernières catégories que je me battrais jusqu'à en perdre la vie. Parce qu'eux ne mérite pas ces sentences qu'on leur impose, et ils n'ont rien demandé. »

Elle soupira un instant, tentant de contenir la puissance de ses souvenirs. Elle avait encore beaucoup de mal à parler de la mort de son père et de sa sœur, qui avait été si violente qu'elle ne s'en remettrait probablement jamais.

« Bon. On va le boire ce verre ? »

Là, elle en avait besoin.

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Elizabeth avait un peu de mal à se remettre de ses révélations. Il fallait avouer que pour elle, ces souvenirs ne pouvaient pas être plus horrible. Elle s’en souvenait comme si ça venait de se produire. Elle avait parfois la sensation de sentir encore le sang couler de ses mains, elle pouvait voir le visage de sa sœur, figé dans le temps. Elle sentait encore les lacérations sur ses bras, la douleur qu’elle avait pu ressentir en traçant chaque symbole dans sa chair. Elle avait réussit à vaincre ce démon, à le renvoyer en enfer ou peut-être ailleurs. Pourtant, elle se sentait étrange depuis ce jour, comme si une part d’elle avait disparu ce jour-là. Et c’était bel et bien le cas, elle avait perdu la seule personne qu’elle aurait aimé jusqu’à la fin de ses jours, et son innocence avait volée en éclat, brisée pour l’éternité, ou en tout cas le temps d’une vie.

La sorcière n’avait pas toujours été quelqu’un de souriant et d’accueillant. Elle n’avait jamais été mauvaise, mesquine ou cruelle, mais elle demeurait une grande solitaire, et elle ça lui allait très bien comme ça. C’était probablement pour ça qu’elle n’avait jamais vraiment eu quelqu’un dans sa vie, qu’elle n’avait que peu d’amis et qu’elle avait pu partir de l’Écosse sans ressentir le moindre pincement de cœur. Elle avait conscience de ce qu’elle avait laissé derrière elle, et pourtant personne ne lui manquait vraiment. Ses meilleurs amis lui avait proposé de venir avec elle, mais elle avait refusé rapidement. Elle ne pouvait pas tolérer qu’ils abandonnent tout à leur tour. Puis elle voyait son arrivé aux États-Unis comme un nouveau départ, une nouvelle vie où elle pourrait un instant oublier son drame, cette chose qu’elle n’arrivait pas à effacer de sa mémoire. C’était quelque peu raté maintenant que Samaël était au courant de tout, mais elle comptait quelque peu sur  sa discrétion pour ne pas en faire mention avec elle, ni avec qui que ce soit d’autre. Ce n’était pas un secret, bien entendu, mais elle ne comptait pas vraiment en parler avec qui que ce soit.

Samaël lui en avait appris un peu plus sur l’Origine du monde, mais il fallait admettre que désormais, elle s’en moquait bien. La Terre était désormais dotait d’une vie qui lui était propre, qui n'appartenait plus à aucun dieu, aucune entité. Pourtant, elle se faisait malmener par toutes sortes de créatures, et effectivement, les humains n’aidaient pas les choses. Elizabeth avait cependant appris pas mal de chose en allant à l’école avec les humains, comme par exemple ce fait complètement ahurissant : ce sont les 10% les plus riches de la population qui cause la majorité de la pollution, et ça, la jeune femme trouvait ça inacceptable. Elle savait qu’elle ne pouvait rien y faire, sauf peut-être aller tuer les 10 % de l’humanité qui font n’importe quoi. Mais bien entendu, elle ne pouvait pas faire ça, ce n’était ni moral, ni juste. Un instant, elle se dit qu’ils avaient eu tort d’apprendre à l’Humain comment survivre. C’était probablement pour ça que le monde était devenu aussi insipide, aussi destructeur. Elle avait aussi beaucoup de mal à comprendre pourquoi ce geste, pourquoi ils avaient fait ça alors qu’eux-même maudissaient l’humanité. A quoi bon les aider si c’est pour les haïr ensuite ? Elizabeth faisait son possible pour voir en plus grand, pour comprendre l’univers tel qu’il était et avait été façonné, mais c’était beaucoup trop incohérent avec ses propres croyances. Elle ne remettait aucunement en cause les dires de l’Archange, mais elle ne les intégrait pas. Elle n’en avait pas la force de toute façon. Elle était beaucoup trop focalisé sur ces images qui ne voulaient sortir de sa tête.

« Saleté de Démon. Désolé pour ta sœur, elle ne méritait pas une telle fin. Je suppose également pour ton père. Enfin je ne sais pas, me concernant, je n’ai pas une relation fusionnelle avec le mien. Mais je sais ce que c’est que de voir sa famille déchirée et de ne pas pouvoir intervenir quand un Démon s’attaque à un proche. »

Elle ne répondit pas. Saleté de démon, ce n’était pas vraiment les mots qu’elle aurait employé. Parfois, elle regrettait de l’avoir chassé. Elle songeait à l’idée de la torture, à ce qu’elle aurait pu lui faire subir si elle avait eu un peu plus d’expérience, de force et de courage à l’époque. Depuis, elle avait lu des études, des recherches des Hommes de Lettres de tous les coins, elle avait découvert des pièges, des sortilèges et des envoutements qui rendrait un démon fou en quelque heures. Elle aurait aimé entendre ses supplications, comme lui les avaient probablement entendu pendant qu’il arrachait les entrailles de sa petite sœur. C’était probablement un côté sombre que la sorcière ne voulait pas reconnaître. Elle aurait aimé se venger.

Elle suivit Samaël dans son entre. Cette fois-ci, elle n’était pas aussi perdue, ni aussi émerveillée que la première fois. Son regard était plus sombre, elle ne souriait pas. La pluie avait enfin cessé de la geler jusqu’à la moelle, et pourtant elle n’avait pas sentit à quel point elle avait froid, jusqu’à ce qu’elle se mette à trembler de tout son être. Elle leva les yeux vers l’archange. Elle connaissait bien un sortilège qui aurait pu faire sécher ses vêtements, mais elle avait prit le parti de ne se servir de la magie que lorsque c’était nécessaire.

« Tu vends pas de vêtement ici au passage ? »

C’était très probablement une question idiote, mais elle se devait bien de la poser, ne serait-ce que pour lui signaler qu’effectivement, elle était complètement gelé. Elle essayait de se ressaisir au mieux, d’avoir de nouveau le sourire même si au fond, ça lui semblait impossible.

« Un cocktail serait parfait. Je suppose que les archanges sont plutôt résistants à l’alcool ? »

Elle ne répondit pas tout de suite à ce que Samaël lui avait demandé. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il se passait avec Castiel, et ne savait rien de la nature de leur relation non plus. Elle n’avait aucune idée de la bonne réponse.

« On ne s’est vu qu’une fois, lui et moi. Je ne sais pas vraiment où ça va nous mener, mais je l’apprécie. »

Pour tout dire, depuis qu’elle l’avait rencontré, elle avait une sorte de fascination pour lui. Elle n’avait pas eu envie de le laisser partir quand la soirée s’était achevé, et maintenant elle n’attendait qu’une chose, le revoir. Elle ne savait pas pourquoi, elle était simplement attiré. Elle n’avait rencontré qu’un seul ange dans sa vie, donc elle ne pouvait pas déterminé si c’était dû à la nature de Castiel, ou si il se passait véritablement quelque chose. En tout cas, elle espérait ne pas être la seule à ressentir ça, puisqu’elle n’avait jamais rien vécu de tel. Elle se demandait si ça finirait bien pour une fois, si elle pourrait enfin se sentir bien avec quelqu’un, sans avoir aucun secret, sans faire aucune cachotterie. Elle en doutait pourtant. Castiel représentait tout ce qu’elle n’avait jamais eu. Il semblait attentionné, et débordant d’affection à revendre. Même si elle n’avait aucune idée de ce qui allait advenir de leur relation, elle restait confiante, espérant ne pas se tromper une fois de plus sur quelqu’un.

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Désormais, Elizabeth découvrait un nouveau monde. Elle avait toujours vu l'horreur et l'obscurité, et avait cherché la lumière en vain. Jusqu'à ces derniers jours. Elle avait trouvé Castiel, et s'y accrochait de toute ses forces, ce nouvel espoir. Mais maintenant qu'elle avait rencontré Samaël, elle se demandait si ça avait vraiment un sens. La lumière était teinté d'ombre, probablement plus obscure que tout ce qu'elle avait pu connaître et voir. Alors, la lumière n'était-elle qu'un leurre ? Un espoir qu'on nous donne et nous retire à la moindre occasion ? Au final, Elizabeth risquait de perdre espoir en ce monde, en sa conception, et surtout en elle. Et c'était probablement son plus grand drame. Il fallait qu'elle se laisse porter, elle n'avait pas vraiment le choix. Elle qui pensait pouvoir ramener un peu de lumière en ce monde ne le voulait plus maintenant qu'elle avait vu les tréfonds, ou du moins une partie. Elle désespérait d'un jour connaître quelque chose de purement bienveillant. Seule mère nature semblait avoir fait ce travail, et les Hommes en avaient tellement abusé qu'elle en avait assez, qu'elle ne voulait désormais plus les sentir sur son dos.

Elizabeth regardait Samaël faire. Il semblait avoir un talent divin pour mélanger différents alcool, mais en voyant l'archange faire, elle se demandait si c'était une bonne idée de boire ce breuvage. Après tout, elle risquait de finir complètement achevée par ce cocktail, et même si c'était un peu ce qu'elle voulait après ses révélations, elle ne savait pas encore si elle avait assez confiance en cette personne pour pouvoir finir dans un tel état. Elle se souvint alors de ce qu'elle avait fait, ce fameux soir. De la puissance qu'elle avait réussit à générer alors qu'elle était en danger. Elle avait eu peur de ses propres faits. Elle se doutait que ce n'était évidemment pas suffisant pour abattre un archange, mais ça l'était probablement assez pour pouvoir s'enfuir. Elle reprit un peu confiance en pensant à ça, même si elle n'en aurait probablement pas besoin. Malgré l'idée qu'il n'aimait pas l'humanité, il semblait accepter Elizabeth. Il fallait bien admettre qu'elle ne ressemblait que très peu au commun des mortels. Elle partageait les mêmes besoins qu'eux, mais elle n'avait pas leur façon de penser, ni leur faiblesse.

« Les archanges sont un peu trop fort en fait. Ça devrait être impossible de vous rencontrer. »

Elle ria légèrement. Le fait que Samaël ne puisse ressentir aucun effet de l'alcool l'amusait. Ce pourrait être un défit intéressant, mais elle n'était pas vraiment le genre à vouloir relever le défit. Il n'en serait probablement pas le cas de son mentor, qui malgré une intelligence surélevée, avait tendance à tenter de réaliser des choses idiotes et surtout impossible, comme tenir la boisson avec un démon. Il l'avait fait. Il avait perdu. Et il avait eu beaucoup de chance d'être encore en vie pour pouvoir le détruire. C'était d'ailleurs pour ça que la jeune sorcière avait pris la décision de chasser seule. Elle l'avait vu trop de fois entamer des négociations un peu trop idiotes à son goût et les mettre en danger pour une question d'égo. Elle l'adorait, de tout son être. C'était son maître et il lui avait appris tellement de choses, avait fait d'elle ce qu'elle était désormais, une sorcière puissante. C'était rare, à son âge. Et c'était grâce à lui. Mais il avait ce côté gamin qu'elle ne supportait plus. Alors ils s'étaient séparés, et se retrouvait quand cela était nécessaire, comme lorsque le Conseil les avaient convoqués peu de temps avant la naissance du nephilim. Des cas de sécurité général, des cas biens trop gros pour les gérer seuls.

« Tu me pardonneras, mais je vais quand-même prendre des précautions avant de boire ça. »

Elle eut un nouveau rire, léger. Elle glissa une main dans sa poche et sortie une poignée de pierres. C'était de la magie élémentaire, très simple, dont elle se servait très souvent et qui ne nécessité pas énormément d'énergie. Elle attrapa une pierre jaunâtre, triangulaire, et marmonna un sortilège sur celle-ci. Quod sobrietate ornantes me. Que la sobriété me soit rendu. Rien de plus simple, mais ça lui permettrait de retrouver un esprit clair et sobre si jamais elle en avait besoin. Elle savait que son instinct lui dicterait de prendre la pierre. Fallait-il qu'elle l'écoute, ce serait une bonne chose pour une fois.

« Faut que je m'assure de pouvoir rentrer à l'hôtel. »

Elle lui adressa un sourire avant de mettre la pierre dans son autre poche. Elle en avait une pour les pierres « vierges » et une pour les prête à servir. C'était encore quelque chose que son mentor lui avait appris. Des pierres pour de la bienveillance. Tant qu'on leur demandait de petites choses, elles répondaient présentes. Et il fallait bien admettre que c'était toujours utile. Evidemment, elles peuvent être bien plus puissante que l'usage qu'Elizabeth en faisait, mais il fallait plus de concentration, des pierres bien spécifiques et conçues pour ses choses-là. La sorcière aimait particulièrement la magie élémentaire, puisqu'elle émergeait de la Nature elle-même. Elle leur faisait dont de ces aptitudes.

« Oh tu sais, j'ai aussi très peu tendance à faire le premier pas. On va dire que ça ne m'a jamais apporter de très bonnes choses, et je ne suis probablement pas tomber sur les bonnes personnes non plus. Puis, c'est un ange. Je pense que l'écart d'âge doit être assez conséquent. »

Elle riait toujours, mais pour le coup, elle ne savait vraiment pas ce qu'il adviendrait d'eux, et elle ne voulait pas se poser réellement la question. Si elle devait vivre quelque chose avec Castiel, alors ce serait spontanée. Puis, elle se demandait si s'était vraiment le bon moment pour s'attacher à quelqu'un, alors que sous peu une guerre plus violente que toutes les précédentes allait éclater, et que Elizabeth serait en plein milieu, sur le champ de bataille. Elle se demandait si l'archange combattrait, et aux côtés de qui ? Elle ne posa cependant pas la question, et ne la posera probablement jamais. C'était une chose qu'elle découvrirait.

Et la mort toque à ta porte. Elle attend sagement que tu la rejoigne, ou que tu décides enfin de te battre.

Il était une fois une jeune fille, les yeux amplis d'espoirs et de rêves. Elle avait tout pour être heureuse, et elle le fut durant les premières années de sa vie. Naïve et enfantine, elle aurait bel et bien pu croire tout ce qu'on lui racontait sur Dieu et les Archanges, sur l'Humanité et les anges, le Paradis et l'Enfer. Son innocence lui fut pourtant arracher de la façon la plus radicale possible, et elle avait changé d'avis. Désormais, elle préférait se fier à la nature et à ce qu'elle pouvait lui apporter, parce que bien qu'elle ait connaissance de l'existence de Dieu et de toutes les créatures qu'on présente dans la bible, il y avait une chose dont elle était certaine : elle ne pouvait s'y fier en aucun cas. Elle avait tout perdue parce qu'un soit disant Dieu avait été incapable de protéger des innocents, et bien qu'elle n'était pas naïve au point de penser qu'elle avait la moindre importance, il était impensable pour elle d'apprécier ne serait qu'un tout petit peu le Dieu qui avait laissé faire ça.

Il n'était donc aucunement difficile pour la jeune femme qu'elle était aujourd'hui de comprendre pourquoi elle pouvait entendre une certaine amertume dans la voix de Samaël. Et bien qu'elle ait bien trop peur pour se confronter un jour à Lucifer, pour lui permettre de discuter avec elle comme le faisait l'Archange en ce moment, elle voulait bien admettre que les choses n'étaient pas tout à faire noires ou blanches, et donc qu'elle serait certainement en accord avec lui sur certains points, comme elle pouvait l'être en cet instant avec Samaël. Elle avait bien conscience que son point de vue était étrange. Elle détestait l'être humain de par sa nature égoïste et inconsciente, mais elle savait qu'il existe de nombreuses exceptions, et elle se battait pour eux, quitte à les sauver tous.

Elle se demanda un instant si Samaël était capable de ressentir quoi que ce soit, et si c'était le cas, comment se sentait-il devant cette jeune sorcière qui n'avait pas hésité à l'aider et qui pourtant aucune crainte à lui montrer son désaccord. Elle n'avait pas l'impression qu'il était totalement insensible non plus, mais c'était potentiellement un très bon acteur. Après tout, il n'est pas si difficile de se monter compatissant avec quelqu'un qui vous raconte comment votre famille est morte.

« Sincèrement, je crois que je ne m’habituais jamais à côtoyer des gens qui peuvent me rayer de la carte en un claquement de doigt. Le fait pas s'te plait ! J'ai encore des choses à faire. »

Elle lui répondit en riant, sans la moindre crainte en disant ça. Elle ne voyait aucune raison qui le pousserait à faire ça. Et après tout, elle savait que la mort était une échéance inévitable pour elle. Enfin, elle le croyait. C'était peut-être là tout le génie du médaillon qu'elle portait précieusement autour du coup. Elle ne savait pas, et ne le saurait probablement jamais, qu'il ne la laisserait jamais mourir, et au fond, c'était bien mieux pour elle de ne pas savoir.

« Comme je te l'ai dis, j'ai des choses à faire. Je ne suis pas venue ici pour rien en soit. Donc je partirais quand j'aurai accompli mon devoir. Probablement jamais du coup. J'ai visité pas mal d'appartement, mais j'ai trouver que des trucs médiocres, ou alors on entendait un peu trop le voisinage, et pratiquer la magie dans ce genre d'endroit n'est pas vraiment la meilleure idée du monde pour rester discret. »

Castiel était un sujet qui avait l'air de beaucoup amuser Samaël. Elizabeth ne savait pas vraiment à quoi s'en tenir avec l'Ange, mais au fond d'elle, elle savait qu'il ferait parti de sa vie quoi qu'elle en pense, donc elle laissait la vie faire, et advienne que pourra.

« C'est pas rassurant pour autant. Je suis même pas certaine de vouloir connaître son âge, mais je suppose qu'à votre âge la différence d'âge n'a qu'une faible importance. »

Elle ne pu s'empêcher de rire de nouveau avant de se saisir du cocktail que Samaël lui avait préparé et d'en prendre une gorgée.

« C'est super bon en tout cas ! »

Le mélange de saveurs était parfait, c'était probablement le meilleur cocktail qu'elle ait bu de toute sa vie, bien que courte comparée à celle de l'archange, mais elle sentait qu'il était traître et qu'il risquait de vite lui faire tourner la tête si elle n'était pas vigilante. Elle ne songea pas une seule seconde que Samaël pourrait avoir envie de savoir ce que faisait l'ivresse sur le corps. Elle ne savait même pas si c'était possible, bien qu'elle savait que le cristal de roche permettait de faire ressentir des sensations à la personne le tenant. C'était souvent utilisé au Moyen-Âge dans des cas de tortures, de ce que lui avait appris son mentor durant ses cours.